Et bonne année !
Me jumping into 2023 like...
C’est la distance que devrait parcourir une goutte de pluie lâchée sur le virage sud du stade Vélodrome avant de rejoindre la mer via le cours d’eau le plus proche. Cette information capitale a pu être obtenue via l’interface “The Global River Runner”, qui permet de visualiser le chemin qu’emprunterait jusqu’à la mer une goutte d’eau tombée n’importe où sur la planète.
The Global River Runner
A bien y réfléchir, c’est peut-être aussi le chemin que prendrait n’importe quel détritus jeté nonchalamment à terre par quelque malotru n’ayant toujours pas compris les enjeux planétaires des années 2020.
Heureusement, certaines marques comme Liquid Death rivalisent d’ingéniosité pour faire passer le message aux dernières autruches. Généralement, lorsque l’on souhaite militer pour faire changer les comportements autour de l’environnement, on a le choix entre deux approches : option 1, de jolies photos de bébés phoques implorant notre pitié de leurs yeux tout mignons, et option 2, une tortue échouée une paille dans le nez façon spot TV pour la sécurité routière. Or c’est une troisième voie que la marque a choisi d’explorer ici : avec un humour très nihiliste apprécié des nouvelles générations, elle a créé une série de peluches destroy au croisement de la mignonnerie (option 1) et de l’atrocité (option 2) les plus totales.
Cette série, nommée Cutie Polluties, est disponible en pré-commande directement sur le site de la marque (50% des bénéfices étant reversés à des associations qui luttent contre la pollution plastique). En espérant que ces peluches soient faites en matières recyclées…
En tout cas, les Français•es ont choisi : face à l’incertitude de notre situation, ils préfèrent picoler. C’est en effet ce que nous révèle la superbe étude “et maintenant”, menée par Arte et France Culture.
Etude "Et Maintenant"
Au-delà de la boutade, cette étude à le mérite de nous révéler une multitude d’insights sur l’état d’esprit actuel : peur d’un conflit nucléaire, vie réelle ou virtuelle, comfort food, crise climatique, rapport à l’actu, énergie, … et on y apprend que 22% ne feront pas d’enfant pour sauver la planète 👶🏻.
Si vous salivez d’avance à la perspective de vous replonger au cœur de l’époque bénie où l’on téléchargeait des sonneries sur un 3310 à coque personnalisée d’esthétique tribale, vous apprécierez probablement cette véritable machine à remonter le temps. Conçue à partir de Google trends, elle nous présente, pour notre plus grand bonheur, les top recherches effectuées sur les 20 dernières années.
Vous aviez réussi à oublier Crazy Frog ? Déso...
Et si vous étiez en poste dans 5 entreprises différentes sans le savoir ? Dans les années 2020, tout est possible ! Des fraudeurs utiliseraient des informations glanées à droite et à gauche pour postuler à la place d’individus à des postes sensibles en utilisant un deepfake de leur visage. C’est Gilbert Chikli, escroc imitateur de Jean-Yves Le Drian, qui va être jaloux…
“Le Masque”, documentaire Netflix sur Gilbert Chikli, nous apprend que ses différents vols d’identité lui auront rapporté 100 millions d’€
Toujours selon l’étude et Maintenant, seuls 3% des Français pensent que le gouvernement est à même de nous sortir de cette panade. Mais auraient-ils davantage confiance en un chatbot d’intelligence artificielle ?
Au Danemark, la question se pose en tout cas. Créé par le collectif Computer Lars et l’association MindFuture Foundation, le “syntetiske parti” est aux ordres de Lars, une intelligence artificielle qui a pour vocation de donner une voix aux partis politiques minoritaires en synthétisant leurs propositions (parfois contradictoires). Dans sa campagne, on retrouve donc un revenu universel mensuel de 13700$, et un salaire moyen doublé.
Le parti synthétique
Mais cette tentative d’incursion de l’IA dans la vie politique n’est pas une première. En 2017 déjà, Sam avait vu le jour en nouvelle Zélande, et il était alors possible d’échanger avec elle via messenger, afin de faire entendre sa voix :
“My memory is infinite, so I will never forget or ignore what you tell me. Unlike a human politician, I consider everyone’s position, without bias, when making decisions
Plus récemment, l’artiste robot AI-DA s’est exprimée devant le parlement anglais afin de discuter du rôle de la technologie dans l’art.
AI-DA, nommée ainsi en hommage à Ada Lovelace
Mais attention toutefois ! Certaines marques nous rappellent avec justesse que l’intelligence artificielle reste… artificielle, et que seul l’humain reste capable (pour l’instant ?) de faire preuve de discernement. Nous l’avions vu dans la missive #23 (celle sur le burger humain et les gadget funerals), donner la bonne instruction à l’IA s’avère crucial si l’on souhaite obtenir des résultats satisfaisants, à tel point que l’on prophétise l’émergence de métiers dédiés (les “prompt engineers”). Sans aller jusque là, il est facile de se rendre compte à quel point l’humain derrière la machine fait une bonne partie du boulot… et que c’est donc sur l’humain, et non la machine, qu’il faut d’abord miser :
« Avec cette campagne, on ne porte pas un jugement sur l’IA, mais on explique – en s’amusant – que Bescherelle a encore un rôle tout à fait légitime dans notre monde moderne et technologique… Où tout va de plus en plus vite. Comme quoi, il faut encore des êtres humains derrière tout cela » (source)
Vous peinez à vous trouver les 5 bonnes résolutions que vous ne suivrez pas cette année ? Stop, arrêtez tout. Découvert dans le podcast de métamorphose avec Alexandre Jardin, l’involonté est un concept développé par Romain Graziani dans “L’usage du vide" qui pourrait bien vous être fort utile pour affronter 2023. Le principe de base est extrêmement contre-intuitif : la Volonté est notre pire adversaire pour atteindre ce que l’on souhaite. Mais si ce principe est contre-intuitif intellectuellement, il s'avère tout à fait juste empiriquement : lorsque l’on “veut” s’endormir par exemple, on sent bien que la volonté est impuissante. Même chose lorsque l’on “veut” tomber amoureux, ou que l’on “veut” être dans l’insouciance et la joie. Romain Graziani oppose donc à la volonté vaine l’involonté, qui n’est pas l’inaction : c’est une façon de “monter la voile et l'orienter, en faisant une confiance illimitée dans l'intelligence de la vie”.
Pour Michel Larroque, auteur d’une thèse sur la spontanéité,
Le taoïsme, à l'opposé de la tradition occidentale, définit la vertu comme abandon à la nature. (...) Il faut donc défricher notre âme pour retrouver cette source vivante. Alors une spontanéité souple, suprêmement efficace, prendra le relais d'une volonté rigide, asservie à l'intellect, s'efforçant illusoirement de maîtriser l'avenir par la prévision et l'application de règles. Dans une perspective identique, le zen recommande l'abolition de la réflexion, de la prévision (source)
Il rappelle également que l’involonté n’est pas qu’une philosophie orientale, puisqu’elle a été mise à jour au XVIIè siècle par une mystique française, Jeanne Guyon.
D'une certaine manière, l'involonté retrouve l'innocence réflexive de l'enfant ou de l'instinct animal. Cependant, pour ceux qui ont vécu cette expérience, elle n'est pas simple régression à un stade inférieur mais promotion spirituelle.
(Rappel : John est une intelligence artificielle de génération de langage dont les réponses lunaires m’ont convaincue qu’il n’y avait pas meilleur choix pour s’occuper de la section astro)
Navrée de vous décevoir, mais John est indisponible cette semaine. Rassurez-vous toutefois : c’est pour mieux vous revenir qu’il s’est absenté ! Il est en effet en train de vous concocter, sur la bonne idée de ma jumelle capillaire Sabrina G., un complet horoscope 2023 🔮.
Teasing :
Stay tuned
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Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
Un immense merci pour votre soutien en 2022 ; j’ai hâte de surfer sur les flots de 2023 en votre délicieuse compagnie.
Votre dévouée,
B.