Et si on faisait buguer les choses ?

L'impératif fonctionnel, ça va bien quelques siècles mais là...

La Newsletter du Chaos Club
7 min ⋅ 07/10/2024

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Hello 👋 !

J’aurais pu passer quelques lignes à m’excuser pour mon irrégularité rédactionnelle, je vous le concède. Hélas, j’ai trop de choses à vous dire alors passons tout de suite au vif du sujet :

Le chiffre de la semaine

1,1 milliard

C’est la facture salée causée par les bugs informatiques pour l’année 2016. Bien qu’un peu daté, ce chiffre pioché dans Éloge du bug illustre parfaitement en quoi le bug pose problème : il nuit par essence à l’efficacité de notre système économique, fondé sur l’impératif d’efficacité.

Kafka l'avait d’ailleurs bien senti avec Gregor, son héros devenu cancrelat (“bug”, au sens littéral en anglais) :

“C’est l’impératif fonctionnel qui rend inacceptable le Gregor de Kafka : il est dégoûtant parce que, en devenant un insecte, il dysfonctionne. Il n’est plus utile.” 

Si les technologies qui buguent nous donnent la nausée, c’est pour la même raison : parce qu’elles dysfonctionnent, elles ne font plus ce qu'elles sont censées faire, à savoir “accroître l’efficience de la production de richesse”. 

Et bien pour l’auteur Marcello Vitali-Rosati, c’est précisément cet impératif fonctionnel qui est à balancer d’un revers de main. Pour lui, le “it just works” d’Apple, qui nous fait croire que le fonctionnement est l’état naturel des choses, n’est rien d’autre que l’arnaque de notre siècle. 

En signe de révolte, il appelle aux armes de la complexité, du bug et du détournement, comme le fait si bien Michael Wolf en photographiant des tranches de vie incongrues sur Google Maps.

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Par Bénédicte Ibert

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